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Si dans nos écrits, nous parlons souvent de la Compagnie des Indes, il s’agit le plus généralement de la Compagnie Française des Indes.

Il faut dire que l’on connaît moins, pour Bourbon, la pourtant si puissante, Compagnie des Indes Orientales des Provinces  Unies ou V.O.C.

Elle fût cependant la première société commerciale capitaliste et internationale! Par là, la VOC  est le précurseur de nos multinationales  actuelles. Elle fut  crée en 1602 pour des motifs simples mais inusuels dans un monde encore féodal.

Au début du XVII siècle, les Provinces Unies sont encore en guerre avec l’empire espagnol pour obtenir leur indépendance. Leur commerce maritime, d’une grande importance est, depuis de longues années, la cible des navires espagnols. L’Inquisition  exerce sa terreur en raison de la foi de ses habitants. Un grand nombre de marchands huguenots et juifs se sont réfugiés à Amsterdam.

Aussi, « soutenus par la prudence et encouragés par la valeur de son fameux général et gouverneur, le Prince Maurice de Nassau, ses habitants décidèrent d’ aller chercher sous d’ autres cieux et parmi des peuples barbares, les secours qui leur étaient refusés par leur propres voisins, » ainsi que l’écrivit un de leur contemporain. Ils « savaient que cette navigation apportait de grandes richesses aux portugais § ils prirent la résolution d’ éprouver s’ils ne pourraient point aussi établir un commerce fixe avec les Indiens et les Insulaires sur qui les portugais n’ auraient encore aucune domination. »

Pour aller en Inde il fallait d’abord éviter la rencontre des Portugais et des Espagnols, ce qui était d’une extrême difficulté en raison de leur suprématie sur ces mers. Ils tentèrent vainement d’ouvrir une route par le Nord (Guillaume Barenstz,Jacques Heemskerk notamment).

Puis, décidèrent de passer par le Sud. La première difficulté tenait à ce qu’ils ne possédaient pas les cartes maritimes nécessaires.

Un capitaine, Cornelius Houtman, fit, « par pure curiosité, plusieurs enquêtes touchant les Indes Orientales, et sur la route qu’il fallait prendre pour y aller. Il eut souvent des conversations sur ce sujet, avec des Portugais qui en donnèrent avis à la Cour. Ces sortes d’enquêtes étaient très rigoureusement défendues aux étrangers, et Houtman fut aussitôt mis en prison » ( in : Relation de voyage, 1702.)

Très curieusement, les marchands d’Amsterdam  paient sa rançon! Houtman revient en Hollande et repart peu après, en 1695, chargé d’une expédition avec quatre vaisseaux. L’un,  nommé le Maurice, de quatre cent tonneaux, portant six grosses pièces de canon de fonte, est monté de quatre vingt quatre hommes d’ équipage . La mission d’Houtman consiste à étudier la route et à conclure avec les Indiens le commerce des épices et autres marchandises particulièrement dans les pays où les Portugais n’ étaient pas encore établis. Ses commanditaires : la Compagnie, crée après son retour et appelée la Compagnie des Pays lointains.

Ces quatre vaisseaux revinrent deux ans et quatre mois après leur départ sans avoir fait beaucoup de bénéfices mais avec succès. Aussi, cette réussite encouragea-t-elle ces premiers marchands ainsi que d’ autres, à continuer sur cette voie.

En 1598, une flotte composée de huit vaisseaux partit sous le commandement de l’Amiral Jacques van Nek. De 1598 à 1602, soixante cinq navires (14 flottes)furent envoyés vers l’ océan indien. Lors du retour, les bénéfices pouvaient atteindre des chiffres de l’ordre de 260% ! Mais les marchands commanditaires s ‘ aperçoivent vite qu’une telle affluence ne peut que nuire à  l’ensemble du commerce d’ outremer. En effet, la concurrence se fait aussi bien à l’achat qu’ à la revente « ils furent d’ avis, que de peur de se porter préjudice, les uns aux autres, ils fallait qu’ils se joignissent ensemble  »

De plus, les Espagnols, outrés d’une telle concurrence, ont porté le discrédit sur les Hollandais auprès des Princes et Rois Indiens, en les accusant de pirates, de gens sans foi ni loi.  Aussi, d’une part le Prince Maurice de Nassau donna des commissions aux navires partant sur ces mers, et d’ autre part fût décidée la création d’ une compagnie unique.

Le 20 mars 1602 naquit la V.O.C. Avec un fonds de l’ordre de six millions de livres et une concession de vingt et un an, elle est la Cie la plus considérable. Son capital est en effet dix fois plus élevé que celui de la Compagnie Anglaise, formée précédemment en 1600. Elle se compose de six chambres, chacune représentant une ville (Amsterdam, Delft, Rotterdam etc …) .La direction de la Cie est assurée par un Conseil, de dix-sept représentants, nommés à proportion de leur participation financière. Son mode de fonctionnement est celui d ‘une société anonyme avec distribution de dividendes aux actionnaires.

En 1622, lors de reddition de comptes, la distribution se monta « à vingt-cinq pour cent, qui furent paiez en girofle » (in : Relation de voyage 1702.)

Dès juin 1602, la V.O.C.  arme une flotte de quatorze grands vaisseaux sous le commandement de l’Amiral Van Waerwyck. Et, en deux siècles,  la compagnie va envoyer quelque quatre mille sept cents navires. Aucun royaume de cette époque n’a cette capacité de commerce mais aussi d’ expansion car si la V.O.C. est une compagnie commerciale, elle est également une puissance politique avec droits de conquérir des terres, et de faire la guerre. Elle disposera de soldats de nationalités diverses.

« Ces prospérités ne laissaient pas d’ être de tems en tems troublées par des accidens, à la pluspart desquels la Compagnie n’ aurait pas deu s’ atendre. Les Anglois arrêtaient ses vaisseaux, autant de fois qu’ils en trouvaient l’ ocasion, & les  armateurs de Dunkerque chassaient incessament sur eux. Cela lui fit prendre la résolution, de tenir tous les ans une puissante flotte dans la mer d’Allemagne, pour croiser sur les vaisseaux qui revenaient des Indes. »

Aelbert CUYP  » Jacob Mathieusen and wife », ca 1640-1660

courtesy Rijksmuseum, Amsterdam

La Compagnie connût son apogée entre 1680 et 1720 car, à partir de cette date, les bénéfices chutèrent considérablement. La concurrence d’autres compagnies, anglaise principalement, mais aussi les difficultés nées de la distance entre le centre de décision européen et les divers comptoirs amenèrent peu à peu à la fin de ce commerce.

La dissolution de la V. O. C. fut prononcée en 1798.

A retenir :

*les vaisseaux sont des mastodontes,  ils ne circulent qu’à une vitesse de trois ou quatre noeuds. On les appelle  des « retourschepen ». Le voyage vers les Indes a une durée moyenne de deux ans. Un retouschepen dure environ dix ans, sauf accident, et fait en général quatre voyages.

*la route maritime suivie par les hollandais est celle des portugais jusqu’à ce que l’étape du Cap soit adoptée au milieu du 17 ème, puis ils passent par les quarantièmes rugissants, à l’écart de Madagascar, soit vers le détroit de la Sonde. Route plus longue mais qui permet de profiter plus longuement des vents d’ ouest jusqu’à l’île d’ Amsterdam et d’éviter les effets de la mousson.

  • La compagnie est une puissance politique avec des pouvoirs régaliens  qui s’étendent sur plusieurs continents, de Surate à la chine, le japon, Ceylan, Java….

Conclusions :

Les Provinces -Unies calvinistes, terre de refuge pour les Juifs et Huguenots, ont, sans doute à cause des persécutions subies, été à l’origine d’un monde dans lequel la valeur individuelle a pris le pas sur celles de la féodalité.

Mais elles ont ouvert un monde moderne fondé sur le commerce et son expansion internationale  sans grand  respect pour les peuples rencontrés.

A la même époque que celle de la création de la V.O.C., et au même endroit, d’ autres protestants, eux,  recherchent l’Eden !

Laurence Noël

© S&L NOËL . TEXTES ET DOCUMENTS SOUMIS A AUTORISATION DES AUTEURES

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