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St Pierre le 5 avril 1757
Nous l’ avons déjà vu pour les questions de propriété, partage, succession, nos ancêtres étaient extrêmement respectueux de la norme juridique. A chaque acte d’ importance ils faisaient appel au notaire et lorsque celui ci ne pouvait être là, ils se confiaient au curé pour la sureté de leurs décisions. Ainsi, en l’occurrence, Alexis Loret (1693-1757) au seuil de la mort fît appel à Larose, prêtre missionnaire et curé de la paroisse de St Pierre, pour enregistrer ses dernières volontés.

Et c’ est ainsi que débute le document intitulé  » Depaux des volontés du sieur Alexis Loret ….5 avril 1757  » Nous soussigné missionnaire apostolique curé de la paroisse de st pierre ayant été appellé pour administrer les derniers sacrements au sieur alexis Lauret, habitant de ce quartier et paroisse st pierre, étant au lit malade , sain toutefois d’ esprit, comme il nous a paru et aux témoins ci dessous désignés ».
L’ on voit là, que notre curé n’ est pas sans connaissance juridique car il prend soin de préciser quelle est la capacité du mourant et qu’il n’ est pas le seul à l’ avoir constatée. Cependant, craignant un éventuel reproche, il prend soin d’ ajouter « comme il nous a paru ainsi qu’ aux autres témoins » . Il poursuit  avec une formule remarquable, si remarquable qu’elle pourrait être une clause de style : « lequel considérant qu’il n’ y a rien de plus certain que la mort et rien de plus incertain que son heure » .
« Faute de notaire qui n’ a pu venir à cause du mauvais temps et du débordement des ravines « ( nous sommes en avril et le notaire venait vraisemblablement  de St Paul ; de même nous ne savons où se situait l’ habitation d’ Alexis Lauret sur le quartier de St Pierre. )
Le missionnaire recueille ensuite les déclarations du mourant : » il  veut et entend que Catherine et sa fille Gabrielle çi devant ses esclaves auront après sa mort la liberté qu’il lui a promis depuis longtemps en considération des bons services qu’elle lui a rendu et de sa fidélité « 


N’ est ce pas insigne que ces dernières volontés aient trait, tout d’ abord et principalement, au don de la liberté ? on pense tout de suite à une réparation qui serait de l’ ordre d’ une reconnaissance de concubinage et filiation- puisqu’il y a Catherine mais aussi sa fille Gabrielle, mais on peut tout autant envisager d’autres relations de proximité familiale, nourrice, cuisinière etc …
Il pourrait en être ainsi car si Alexis Lauret leur lègue, pour subsister, ainsi que la loi l’ exigeait, 40 gaulettes sur 20,il énonce une clause plus dérangeante « déclare en outre que Jacques, mary de la nommée Catherine demeure esclave et que Catherine quoique libre demeure toujours avec son mary chez le maitre à qui il appartiendra »
Est ce la volonté de ne pas appauvrir sa succession (un esclave homme valant plus qu’une femme) et de ne pas séparer une famille fût-elle esclave ?
En tous les cas ce qui doit être retenu de cet acte, c’ est que la promesse faite à l’ esclave est primordiale et pousse le mourant à l’exprimer, malgré les difficultés de constation juridique .
Le reste de l’ acte va en ce sens car déclarer ensuite  que « son gendre Paul Payet lui a rendu les 30 bariques de caffé qu’il lui avait empruntées », semble de peu d’  importance et plaçé là pour qu’il n’ y ait pas que le seul affanchissement ! Afin sans doute qu’il ne soit pas contesté.
Vont signer en qualité de témoins : Louis Vitry gendarme, Antoine Leveneur, Antoine Payett et Larose prêtre missionnaire en la maison du sieur Alexis Lauret à St Pierre le 5 Avril 1757.
La religion ou l’ esprit de charité propre à cet homme au seuil de la mort

Laurence NOËL

© S & L NOËL.

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