Agathe, Cécile & Antoinette ont donc été affranchies  en 1794  par le curé Lafosse. Elles sont agées  alors respectivement de  50, 18, et environ un an. Ce qui correspond bien aux recensements du Curé Lafosse en 1782 et 1788. On y retouve aussi Pierre, frère d’Agathe et père de Cécile.

Elles n’ont pas pris, (ou pas pu prendre) le patronyme du curé. Mais, comme beaucoup d’ affranchis  d’avant l’abolition, elles seront désignées par le prénom de la mère-affranchie, qui devient matrilinéaire. L’emplacement de quarante gaulettes qu’elles ont eu en donation commune est situé prés de la Chapelle du Rosaire. On se souvient,  Lafosse avait  tout prévu :

« une case en bois rond, surmonté d’un magasin, plus une cuisine et un poulailler, des animaux pour élever, le linge, la vaisselle, les marmites et les outils necessaires. » Les affranchies étaient donc bien pourvues. Ont elles réussi  ensuite, avec leur pécule et ou à force de travail  à affranchir ou à aider Pierre, sa femme  et sa nombreuse famille ? Nous notons seulement que Pierre n’est plus mentionné sur les recensements  du Curé Lafosse en 1812. Et pour le pécule, la suite deviendra judiciaire.

Car, hélas, leur bien aimé bienfaiteur meurt en 1820.

Tout ne semble pas se passer pour le mieux. Antoinette et Cécile se voient obligées de sauvegarder leurs intérêts. Elles nomment pour procureur général et spécial Elécie Hoarau, huissier. Il est chargé de lever l’expédition de leur acte d’affranchissement chez le notaire et de parvenir au règlement  des sommes dues à elles  mêmes et à leur tante Agathe, dont elles sont héritières. Et ce auprès d’Alexandre Lucas, exécuteur testamentaire et de Silvain Pinard légataire du sieur Lafosse.

l’histoire de ce terrain et des Cécile continue à s’écrire, dix huit ans plus tard. L’emplacement  donné est bien le même, prés de la Chapelle du Rosaire. Il est  toujours de 40 gaulettes de long sur 20 de large.

Cécile a-t-elle été heureuse ?  en tout cas, elle  eût beaucoup d’enfants. Sont présents en mars 1835, lors de la vente de ce terrain :

1°) Demoiselle Antoinette Cécile 2°) Louis Cécile 3°) Fanchin Cécile, 4°) Pierre Cécile, 5°) Sophie Cécile, 6°) Olimpe Cécile, 7°) Tarsile Cécile, 8°) Eloise Cécile,  9°) Suzette Cécile tous les neuf propriétaires de la moitié de ce terrain provenant de la donation faite par M. Lafosse, ancien curé de la paroisse St Louis à leur mère Cécile, l’autre moitié étant à Antoinette, fille de Cécile. Nous  retrouvons en témoin de l’acte leur précédent homme de confiance, Elecy Hoarau. Une seule infime partie de ce terrain sera préservée de la vente en faveur des enfants mineurs. Ils viennent de vendre à un spéculateur  foncier qui s’applique  à faire fortune à St Louis.

(à suivre)

Sabine NOËL

Recherches CNAOM, Aix-en-Provence,  2009

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